Médias audiovisuels

CRITIQUE DU GRAND MÉDIA GLOBALISANT
TÉLÉVISION, LE CHEMIN LE PLUS COURT
 

Globalisation. Le mot est à la mode aujourd’hui, manié couramment par les médias et par les acteurs de la vie publique lorsqu’il s’agit de parler de concentration, de production industrielle ou agricole, de grande distribution, d’Europe, d’économie mondiale, de délocalisation, etc. Appliquée à l’échelle d’un pays de la taille la France et au monde de la production et de la diffusion télévisuelle, la globalisation relève d’une forme d’hégémonie et de totalitarisme culturel qui se sont abattus sur toute une nation et ses habitants, et qui n’a trouvé que récemment le chemin d’une relative diversité. Et cela dans un silence consentant, qu’aucune parole n’est venue troubler. Car bien entendu, les grands médias et leurs alliés se sont bien gardés d’appliquer leur discours et leurs commentaires sur la globalisation… à eux-mêmes.
Globalisation, centralisation, hégémonie ? Ces mots ne sont pas jetés en pâture ici comme une simple provocation. Ils contiennent une part d’excès autant qu’une part de vérité, sur lesquels nous devons nous interroger. Le but n’est pas de mener un pays en guerre contre ses médias ou sa télé, avec l’idée d’alimenter une agressivité débridée. Il est plutôt de proposer que soient mieux compris et compensés les effets induits de leur surpuissance et d’imaginer comment ces instruments pourraient tenir une place à leur mesure, dans une société où l’on se préoccuperait de renforcer le lien social et les contre-pouvoirs de l’expression citoyenne, au local et au régional tout particulièrement.
 
Nous l’avons mesuré: choix politique, modèle de société, modèle économique et culturel, la télévision à la française a fait jusqu’à ce jour très largement l’impasse sur la proximité, à l’opposé de ce qui s’est passé dans beaucoup de pays comparables. Plus grave : souffrant d’une incurable centralité et d’un certain degré d’ostracisme, elle s’est tenue à distance des diversités culturelles, des citoyens, et des régions. Les conséquences de tels choix sont difficilement mesurables. Elles paraissent indéniables pour tous ceux qui vivent et ressentent sur le terrain la pression des représentations globales auxquelles nous nous trouvons soumis. 
Pourvoyeur dominant d’un langage commun et d’une lecture normée de nos enjeux de vie, moteur d’une large entreprise d’uniformisation de nos valeurs et de notre culture, la télévision est aujourd’hui pour beaucoup dans notre perte de repères. Plusieurs générations se désignent elles-mêmes comme « ses enfants », en même temps que beaucoup d’entre nous avouent « ne pas se reconnaître en elle ». Il faut voir là le fruit d’un paternalisme télévisuel qui a du mal à se reconnaître dans la variété des publics et qui, au passage, ne masque pas sa volonté de substituer son discours à tous nos discours citoyens et éducatifs. Avec lui, un nivellement de nos repères et de nos représentations s’est introduit, porteur d’appauvrissement, de domination, d’exclusions, générateur de violences, d’assèchement de la vie locale, de déclin économique, social, culturel. Vers quels horizons nous mène-t-il ?

Nous invitant à partager sa vision du monde, le grand média totalisant nous impose sa part de caricature, de travestissement et de dissimulation de la réalité. Consciemment ou pas, nous – public – ne retenons des messages qu’il nous livre, que ce qui fait spectacle : information et divertissement, conflits et polémiques, création et marketing s’y projettent sans cohérence ni lien apparent. Portant notre regard sur ce média, nous ne prétendons nullement ici être objectifs ni impartiaux dans notre jugement. Des représentations dominantes que nous livre le spectacle globalisant, nous oublierons les qualités, qui sont certaines et ne retiendrons sciemment que les perversions, les déformations, et les désordres qu’il induit.

(Extrait)
 

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