Education


DISCOURS ÉDUCATIF CONTRE DISCOURS GLOBALISANT
L’EXEMPLE DES DISCRIMINATIONS


Dans le jeu du recueil et de la confrontation des discours, quelques rencontres allaient m’amener à prendre conscience des antagonismes profonds qui opposent deux grands ordres de discours: les discours citoyens et les discours globalisants. Au rang des discours citoyens, nous trouvons le discours éducatif, présent à tous les âges de la vie et dans tous les secteurs de la société : de la famille au monde du travail, en passant par l’école, l’université, les prisons, les institutions, l’ANPE et bien d’autres lieux encore. Partout, le discours éducatif s’affirme comme le discours de l’expérience et de la transmission. 
Un constat s’impose, pour qui est porté à confronter et à comparer les discours : c’est la capacité du discours globalisant à déstabiliser et à bousculer le discours éducatif dans ses fondements.
 
On mesure la portée d’un tel constat, pour qui se propose de réaliser des films véhiculant une parole citoyenne, avec des visées éducatives. Et on en mesure l’incidence, dans le débat très actuel sur le déficit d’éducation qui semble affecter nombre d’entre nous, jeunes ou moins jeunes. La forte prééminence des discours globalisants dans notre environnement serait-elle directement responsable d’une régression, et d’une relative inefficacité de nos discours éducatifs ? Et le déficit d’images de proximité dans le concert des images qui nous environnent, jouerait-il un rôle dans ce déclin ? À partir de quelques exemples, renouant avec notre cheminement de documentaristes, nous tenterons de montrer ici en quoi les deux discours sont contraires et s’opposent.
Reste à savoir si un tel postulat apparaîtra comme suffisamment étayé. Les tenants du discours global se laisseront-ils convaincre aisément du mauvais rôle que nous voulons leur faire tenir en la matière ? Rien n’est moins sûr. Nous tous, pénétrés que nous sommes de discours globalisants chargés d’idéologie et de morale, savons-nous encore donner au discours éducatif la place qui lui revient, dans nos conduites comme dans la construction de nos représentations et de certains de nos repères, individuels comme collectifs ?
 
De la prééminence du politique et des discours globalisants dans les discours qui nous environnent, nous avons fourni de multiples exemples. La primauté de nos dogmes dominants, le mépris de la proximité, la puissance et l’hégémonie de nos médias de grande audience en témoignent.
Prééminence du politique ? Une telle affirmation peut paraître anachronique, à une époque où l’on a tendance à stigmatiser l’absence de conscience politique et la faiblesse des engagements idéologiques ou militants chez nos concitoyens, jeunes comme adultes. En réalité, cette apparente désaffection du politique, si souvent pointée du doigt, n’est peut-être que la contrepartie, teintée de nostalgie, d’une passion politique culturellement très vivante dans l’Hexagone; passion que beaucoup craignent de voir décliner aujourd’hui, en particulier chez les jeunes générations. Passion politique qui nous oblige régulièrement à faire le constat d’écarts conséquents, entre l’expression de certains de nos idéaux fondateurs – image de la France, patrie des droits de l’homme et du citoyen, terre d’accueil, mètre étalon de la République, nation civilisatrice fondée sur des humanités universelles… – et une réalité moins idéale : violences sociales, montée de l’extrême droite, panne de citoyenneté, rejet de la classe politique et du système, déficit de lien social, concentration des pouvoirs, collusion des élites, exclusions…

(Extrait)

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